Adolf Loos, Ornement et
Crime 1909
• Le
décors moderne / L’ornement inspire un primitivisme qui déplait
Durant sa longue histoire, l’ornement a
toujours été victime de contestations. Les modes et le contexte de chaque
époque contribuent à imposer un bon goût hors du quel tout autre style
ornemental devient déplaisant. L’arrivée du modernisme à la fin du XIXe siècle a, quand à elle,
littéralement bouleversé la perception des ornements. Le mouvement moderniste
prône une éradication du décor. L’architecte Adolf Loos est un des premiers à
condamner l’ornement. Dans Ornement et Crime, paru en 1908, Adolf Loos soutient que la disparition des
ornements et leur caractère déplaisant va de paire avec le progrès humain. Il
attribue l’ornement à un primitivisme qui ne peut plaire qu’à l’homme considéré
comme peu évolué. Il prend l’exemple des Papous qui ornent leur corps de
symbole ornementaux. Selon lui, c’est en évoluant que l’homme a su se passer
des ornements corporels. Ils sont désormais réservés aux bagnards, aux
criminels et aux « dégénérés ». L’ornement renvoie à quelque chose de
primaire, d’animalisant et d’immoral : cette chose ne peut être que laide
et repoussante. Loos écrit également : « je
récuse l’idée selon laquelle l’ornement est plaisant ». L’homme
moderne qu’il décrit trouve justement son plaisir dans une sobriété exempte d’ornementations.
• Une position ambivalente
Néanmoins, ce caractère fluctuant du plaisir
lié aux ornements empêche de définir de véritables critères. Le cas d’Adolf
Loos continue une multiplicité de positions antagonistes. En effet, le travail
architectural de Loos, dépouillée d’ornements figuratifs fut extrêmement
critiqué à ses débuts. Loos va jusqu’à caricaturer la pensée de son époque. « Tout les autres ont du goût, Loos lui n’en a
aucun. » écrit-il, dans Ornement et Crime.
Ce nouveau style ornemental basé sur l’absence d’ornement figuratif, est pourtant
adopté par la suite part bon nombre de ses contemporains. De plus Loos admet
lui même que certaines professions ou dispositions d’esprit aient besoin de
conserver les ornementations. Loos demande à son cordonnier de lui fabriquer
des chaussures de la meilleure qualité en le payant un prix supérieur mais sur
lesquelles ne doivent figurer aucun ornement. Loos consent bien à admettre que
sa demande retire tout plaisir au travail du cordonnier. Il est frappant ici
que le même ornement peut suscité plaisir chez l’un et déplaisir chez l’autre.
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