mardi 20 janvier 2015

ADOLF LOOS, ORNEMENT ET CRIME, 1909

Adolf Loos, Ornement et Crime 1909
  Le décors moderne / L’ornement inspire un primitivisme qui déplait
Durant sa longue histoire, l’ornement a toujours été victime de contestations. Les modes et le contexte de chaque époque contribuent à imposer un bon goût hors du quel tout autre style ornemental devient déplaisant. L’arrivée du modernisme à la fin du XIXe siècle a, quand à elle, littéralement bouleversé la perception des ornements. Le mouvement moderniste prône une éradication du décor. L’architecte Adolf Loos est un des premiers à condamner l’ornement. Dans Ornement et Crime, paru en 1908, Adolf Loos soutient que la disparition des ornements et leur caractère déplaisant va de paire avec le progrès humain. Il attribue l’ornement à un primitivisme qui ne peut plaire qu’à l’homme considéré comme peu évolué. Il prend l’exemple des Papous qui ornent leur corps de symbole ornementaux. Selon lui, c’est en évoluant que l’homme a su se passer des ornements corporels. Ils sont désormais réservés aux bagnards, aux criminels et aux « dégénérés ». L’ornement renvoie à quelque chose de primaire, d’animalisant et d’immoral : cette chose ne peut être que laide et repoussante. Loos écrit également : « je récuse l’idée selon laquelle l’ornement est plaisant ». L’homme moderne qu’il décrit trouve justement son plaisir dans une  sobriété exempte d’ornementations.
• Une position ambivalente

Néanmoins, ce caractère fluctuant du plaisir lié aux ornements empêche de définir de véritables critères. Le cas d’Adolf Loos continue une multiplicité de positions antagonistes. En effet, le travail architectural de Loos, dépouillée d’ornements figuratifs fut extrêmement critiqué à ses débuts. Loos va jusqu’à caricaturer la pensée de son époque. « Tout les autres ont du goût, Loos lui n’en a aucun. » écrit-il, dans Ornement et Crime. Ce nouveau style ornemental basé sur l’absence d’ornement figuratif, est pourtant adopté par la suite part bon nombre de ses contemporains. De plus Loos admet lui même que certaines professions ou dispositions d’esprit aient besoin de conserver les ornementations. Loos demande à son cordonnier de lui fabriquer des chaussures de la meilleure qualité en le payant un prix supérieur mais sur lesquelles ne doivent figurer aucun ornement. Loos consent bien à admettre que sa demande retire tout plaisir au travail du cordonnier. Il est frappant ici que le même ornement peut suscité plaisir chez l’un et déplaisir chez l’autre.

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